Ça faisait un petit moment que je n'avais pas écrit d'article à propos de mon dieu (déesse?) : la nature. Je quitterai le temps d'un article mon cher Yukon et le grand nord en général mais resterai au Canada. Encore un phénomène qui montre comment la nature réagit face aux changements que nous lui imposons. Comment un petit coléoptère de 5mm a ravagé et continue de ravager tout un pan de l’économie de l'ouest canadien : la foresterie.
Aparté monoculture :
Si le commerce des fourrures a été le premier facteur économique à
motiver la colonisation, les forets canadiennes ont été surexploitées rasées d'est en ouest et du nord au sud. Il n'existe a l'heure
actuelle que très peu de forets originelles et encore moins d'arbre aux
dimensions record du début de l'histoire forestière canadienne. Les
contraintes économiques ont fait du pin une essence d'arbre
correspondant tout à fait à nos attentes et à notre impatience : il peut être récolté rapidement. Demander à un sylviculteur de planter un arbre
pour qu'il soit récolté par ses petits enfants ne fait aucun sens et
représente même un affront à notre supposée toute puissance. Cette
monoculture va donc favoriser un petit animal qui ne se nourrit
que de cet arbre. Nous lui avons offert un terrain de jeu
gigantesque.
Ces coléoptères ont comme prédateurs d'autres insectes, des bactéries (qui s'occupent des œufs) et des oiseaux (comme woody woodpecker). Mais la prédation n'est pas le seul facteur limitant de l'expansion d'une espèce. Le stress hydrique est le premier facteur rendant les arbres malades facilitant ainsi l’arrivée des envahisseurs. Et je ne peux pas parler de stress hydrique sans parler de mes vénérés castors (et oui encore eux). Ils sont connus pour apporter un grand bien aux forets, leurs barrages constitue un élément essentiel pour lutter contre la sècheresse des sols. Malheureusement ils ont ete extermine et même si leur formidable capacité d'adaptation leur permet de revenir en force, les monocultures d’épineux sont toujours un frein à leur implantation (ils ont besoin de feuillus). Les feux de foret qui sont de plus en plus maitrisés étaient également un élément essentiel pour empêcher l'invasion de l'insecte. En les tuant d'une part et en permettant d'assainir la foret. Et pour finir, les grands froids hivernaux tue les larves et limite donc leur population, or cela fait des décennies que la Colombie Britannique n'a pas connu ce genre d'hiver (pour une fois je ne dis pas que c'est la faute de l'homme mais n'en pense pas moins....)
Je vous sens sceptique... "Qu'est ce qu'il vient nous parler de cet insecte ? Des arbres morts y'en a partout..." Peut être n'ai-je pas suffisamment appuyé sur l'ampleur du phénomène. Rentrons donc dans le vif du sujet, et rien de tel qu'une jolie photo. Voila donc ce que le survol de la Colombie Britannique donne :
Des arbres rouges, c'est beau n'est-ce pas ? Comme vous le savez un arbre mort de fait ne stockera plus de CO2 et sa décomposition en dégage. D’après les experts en la matière, vu l'importance des ravages ce dégagement de CO2 correspond a 5 ans de tout le secteur du transport du Canada... On peut cracher sur le Canada qui refuse de respecter le protocole branlant de Kyoto mais rien que ce phénomène les empêche clairement de respecter ces accords. Le cycle naturel étant parfait, si réchauffement climatique il y a, ça ne fera qu'avantager l'insecte lui laissant l’accès à encore plus de forets et peut être que dans quelques années on parlera de la pine beetle au Yukon.
Clique dessus pour voir l'animation |
Beaucoup disent que de toute façon seul de très gros hivers ou la disparition des forets de pins arrêterons la bestiole et moi, toujours aussi cynique, je m’émerveille devant notre impuissance. J’apprécie toujours quand l'homme avoue être incapable de faire quoi que ce soit et ceux qui espèrent sont les naïfs. La nature nous dit : "Vous voulez réguler, contrôler, maitriser avec vos petites mains et vos petits cerveaux ? Voici donc mes capacités de résilience"
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