Au tour des saumons



Etant donné qu'en ce moment je n'entends que cette histoire de virus des saumons à la radio pourquoi ne pas en faire un petit post.

Oncorhynchus ketaAlors que les problèmes liés à la sur-pêche sont maintenant connus et relatés par les médias depuis maintenant plusieurs années, la formidable capacité de l'homme à répondre à ses propres désastres l'a mené à intensifier de manière complètement irrationnelle l'aquaculture. Beaucoup de scientifiques n'y voyaient que du bon, et malgré des débuts difficiles (entendez par là des soucis de rentabilité), des fermiers des mers ont poussé un peu partout dans le monde. En chine, en Amérique du sud (principalement le Chili) et du nord, en Europe (particulièrement en Norvège mais aussi en France)... d'immenses parcs ont vu le jour. Tout le problème résidait dans le fait que les poissons que nous mangeons se nourrissent principalement... de poissons. Allons nous pécher des poissons que nous ne mangeons pas pour nourrir ceux de nos élevages ? Ou faire de l'élevage de poissons servant de nourriture à nos poissons d'élevages ?  Pas de problème nous avons encore des stocks de farines animales à écouler et ce qui se passe sous l'eau fera toujours moins de bruit que ce qui se passe sur terre(attention aux physiciens qui viendront me dire que le son se déplace plus vite dans l'eau que dans l'air ! :p )

Par souci de rendement une sélection génétique des "meilleurs" (ceux qui grossissent plus vite pour faire simple) spécimens est le résultat de tout notre savoir. Et si il existe un vide quelque part, nous savons le combler par la réintroduction d'espèces non originaires de ces lieux. Tout ça entretien la pensée collective qui tend à croire que notre science nous sauvera, et que plus cette dernière avancera plus nous maîtriserons la nature.

Apparue à la fin des années 80, l'aquaculture a donc connu un véritable boum au début des années 2000 alors que les stocks mondiaux de poissons sauvages se sont littéralement écroulés ou du moins que ceci à véritablement était constaté par les exploitants eux-même.  Il n'a pas fallu longtemps pour se rendre compte des désastres que ce type d'élevage pouvait provoquer, mais la machine est en marche et elle devient d'autant plus rentable que les stocks de poissons sauvages disparaissent. 

Petite histoire de l'aquaculture au Chili

La prolifération de virus et/ou parasites au sein de ces poissons d'élevage est forcément beaucoup plus importante qu'en milieu naturel. Depuis 2004 l'industrie chilienne de la pêche (qui est à la pointe de cette surexploitation) a rencontré un problème majeure de mortalité dans ses fermes aquacoles et cela a provoqué un désastre économique national depuis les années 2008. Malheureusement, la seule responsable n'était autre que cette surexploitation. L'apparition d'un poux de mer attaquant les élevages a mené à employer massivement des pesticides, et ces même pesticides ont fragilisé les poissons faisant apparaître un virus jusqu'alors inconnu, le virus ISA (genre de sida des poissons, encore appelé anémie infectieuse) et pour lutter contre ce dernier les eaux ont été saturé d'antibiotique et comme toujours, le virus devient de plus en plus résistant jusqu'à devenir totalement immunisé (ça c'est la force de la nature ! :p ). Les eaux étant totalement polluée, la seule solution pour sauver cette industrie est donc de déplacer les fermes aquacoles pour aller polluer un peu plus loin (ça c'est la force de l'homme...). 

Je ne sais pas vous mais ça me rappelle vaguement une histoire de disparition des abeilles.

La ligne de défense du Chili a été très simple :
- le virus vient des oeufs infectés eux même provenant de Norvège.

- Et pour l'utilisation de produits interdits dans plusieurs pays :
"Ce n'est pas parce que c'est interdit que c'est forcément dangereux." 

En effet quand on parle de milliards de dollars et de milliers d'emplois la courtoisie des relations internationales n'a plus trop sa place.

Et le Canada ?

Si dans un premier temps nos imminents scientifiques ont assuré que cette épidémie ne touchait et ne toucherait que les saumons d'élevages, malheureusement le présent nous prouve le contraire. En début d'année 2011, une étude faite en Colombie britannique montrait que de 40% à 95% (j'aime cette marge...) de la population de saumons rouges avait disparue avant même de pouvoir se reproduire dans le fleuve Fraser. Phénomène également observé quelques années auparavant et provenant d'une faiblesse immunitaire d'origine génétique...

Tout récemment (cette semaine), une nouvelle étude révèle que cette fameuse anémie infectieuse proviendrait bien de l'importation de souches européennes d'élevages contaminées. On aurait pu espérer que le virus demande "Es-tu un poisson d'élevage ?? Oui ? alors ok je t'infecte ! Non ? alors je te laisse tranquille niark niark" malheureusement ça n'a pas été le cas. Prouvant encore l'erreur et l'ignorance des scientifiques dont l'avis a été écouté (et/ou dicté) et d'autant plus attentivement qu'il pouvait remettre en cause un marché de plusieurs milliards de dollars...

La ligne de défense de l'aquaculture de la Colombie britannique :
- On s'en fout, nos poissons d'élevages sont sains et les poissons malades sont loin de nos fermes ! 


Non non non, encore une fois je ne suis pas écolo-alarmiste :)

Les liens : 

No comments:

Post a Comment