L'histoire de la photo et de la poubelle magique

Le tri des photos c'est une horreur sans nom ! J'aime avant tout la photo pour l'instant où je suis sur le terrain. Être allongé dans la boue, derrière une petite fleur en attendant que le rayon de soleil se pointe n'en est qu'un exemple (celui de me geler nuit après nuit un autre). Je décharge mon appareil par nécessité, il m'arrive très souvent de ne même pas en regarder le contenu en me disant "un soir, je trierai..." Après plus d'un an et demi je me retrouve avec quelques 10 000 photos et je me dis toujours "un soir, je trierai..." Et même si je n’éprouve aucune sensation en regardant une photo, j'ai beaucoup de mal à m'en séparer y compris les loupées. En considérant le fait qu'avec mon nouvel appareil, la simple photo prend 25Mo, j'essaie de faire un premier tri grossier de suppression. 

Tout en navigant dans la poubelle de mon ordinateur pour dire un dernier au revoir a quelques photos, je pense à cette requête familiale : "Ca serait sympa que tu nous montres des photos de là où tu vis, là où tu travailles."... 

Voici quelques idées qui me sont venues :

Faire des photos de 

1 . Au travail :

- Morgan coupe le pain.

- Morgan met du poulet dans le pain.

- Morgan met le fromage dans le pain.

- Morgan met une tomate sur un beau lit de salade dans le pain.

- Morgan met "a ton of mayonnaise" comme le demande le client.

- Morgan retire la tomate, le client ne la trouve pas assez belle, puis la remplace.

- Morgan a "half ton of mayo" sur ses gants mais ferme le sandwich avec (ça lui apprendra à c'lui là de ne juger les tomates QUE sur leur physique !)

2 . Où je vis :

2.1 Ma chambre 

2.1.1 Sa célèbre pile de linge qui traîne par terre. C'est le sale, ou le propre je ne sais plus très bien. En tout cas une chose est sure,  le passage de sale au propre n'a plus de secret pour moi. La pile est ornée de quelques objectifs photo qui se sont échappés du sac dans lequel ils étouffaient. Ils se sentent à l'aise en sécurité sur leur pile de tissu.

2.1.2 Quelques papiers de twix, tablettes de chocolat, bouteilles de lait vides (enfin je crois) qui cherchent en vain une place dans ma toute nouvelle poubelle invisible. 

2.1.3 Mon lit et son drap housse à moitie enlevé. Il a décidé de vivre ainsi, je ne vais pas le perturber. Cet accord n'est survenu entre nous qu’après une longue période de conflit pendant laquelle je m'obstinais à le remettre en place  (sûrement pas la meilleur façon de vivre une relation sereinement). A noter également ce magnifique oreiller, je ne sais pas très bien d’où il sort, probablement un oreiller de jeu pour Lola.

2.2 La ou je fais caca

2.3 Le saint-poêle-des-bois. Il reste la partie vitale de la maison (avec le 2.2), sans lui, y'en a qui meurent, dit-on.

...

Tout en divagant sur des idées farfelues, je tombe sur une photo qui m'absorbe littéralement. Non pas qu'elle soit belle mais elle a quelque chose d’étrange. Les aurores en photo ça ne sera jamais la réalité.  Celle-ci ne déroge pas à la règle, mais elle est si "imparfaite" qu'il me semblait voir un dessin plus qu'une photo (la végétation au bord du chemin, le dégradé du ciel, la démarcation terre-ciel, les étoiles surbrillantes...).

Quel chemin choisir ?

Si ce n'est pas un dessin alors cela ressemble à un gros montage, mais je sais qu'il s'agit du fichier tel qu'il est sorti de l'appareil (à deux clics près).  Sans vergogne je l'ai jetée à la poubelle, la blague (cadeau ?) de mon appareil... un dessin (à symbole ?) presque plus vrai que Nature.

Bref je ne suis pas sur que la photo de mon restaurant vous fera rêver, mais promis vous en aurez une.