Monday, August 27, 2012

Un grand pas pour moi, du surplace pour l'humanité Vol.2

Voila la grand jour, celui que j'attendais depuis si longtemps. Une nouvelle étape de franchie et non des moindres. Cette visite médicale était la dernière marche a franchi, la dernière étape d'attente d'attente pour mon dossier de résidence permanente. J'ai reçu mon convocation en juin, le jour du départ du médecin yukonnais charge de l'immigration. Son retour, le 27 Août. Ces visites ne se faisant qu'une fois par mois, j'ai été chanceux d'avoir mon rendez-vous dès son retour.

PHASE  1 :

J'avais déjà effectue ma première batterie de tests. Yeux taille poids et un questionnaire. L'astuce de ce dernier consiste a répondre "no" a toutes les questions. Le moindre dérapage et c'est la disqualification assurée pour l’entrée au pays des bisounours.

- Avez-vous été en contact avec quelqu'un porteur du HIV ?
- Je ne pense pas
Ca me paraissait être une réponse plus enrichie qu'un simple "no" qui est finalement le seul mot que je maîtrise aussi bien dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare
- Il faut répondre oui ou non !
- Non
- Avez-vous ete en contact avec quelqu'un qui avait la tuberculose ?
- Je ne demande pas a tous les gens que je croise si ils l'ont.

Fier d'avoir réussi a sortir cette phrase en anglais presque sans accroc, il me reprend sèchement :"Oui, ou non !". Monsieur (oups pardon Docteur) n'a pas de temps à perdre avec ce petit français qui essaie par tous les moyens de pratiquer son anglais sans perdre son humour qui ne fait rire que lui. Il fait les consultations 5 par 5, les autres attendent dans leur propre salle (box ?) de consultation.

Il rature d'office une question et passe a la suivante. Ma curiosité pousse mes yeux à essayer de déchiffrer cette question aux caractères renversés. P - R - E - G - N - A - N - T, tout l'esprit d'initiative de ce savant docteur a fait la relation case Male = Pas pregnant : la nature est bien faite. Je réponds donc non à tout le reste en me disant : "Fichtre, les noms de maladies c'est définitivement aussi barbare en français qu'en anglais".

Ensuite taille et poids avec une dame d'un certain age :
- Mais... Vous mangez monsieur.
- Oui deux gros sandwichs plein de sauce et de gras tous les jours et des pâtes.
- Eh bin... Vous devez faire des envieux...
- Croyez moi, moi ce sont les gros qui me font envie.
J’insère mon plus beau clin d’œil soulignant l’ambiguïté de mes propos, elle, au moins, aura bien ri.

PHASE 2 :

Ma journée off a été posée afin d’être sûr de ne pas manquer ce rendez-vous avec mon futur.  Mon fidèle destrier à deux roues m’amène directement après mon réveil en direction de l’hôpital. Je l'attache pour éviter qu'il ne s'enfuie et je croise un de ces autres français sortant de l’hôpital, ici pour les mêmes raisons que moi. C'est journée immigration à  l’hôpital; espérons que Whitehorse ne soit pas trop malade ou bourrée. Malgré le monde tout va très vite. Aux entrées je tends ma carte de sante du Yukon, ma carte d’identité du Yukon (je suis un vrai maintenant !) ensuite un deuxième bureau une petite signature "First name", "Last name" une épreuve on ne peut plus trompeuse mais franchie avec brio (à moins que ce ne soit l'inverse ??).

2 minutes plus tard, on m'appelle, une charmante infirmière me demande de me déshabiller (toutes les mêmes) , et de patienter sur cette chaise (décidément toutes les mêmes !) . Je suis confiant, malgré ma tenue de malade, je sais que je ne le suis pas. Les doutes ne sont plus, je suis prêt a faire tout et n'importe quoi pour atteindre mon but : la libération finale que m'accordera la RP.

5 minutes plus tard, cette infirmière me place devant une grosse machine, me dit de gonfler les poumons et sans avoir le temps de dire ouf, me redonne mes papiers. "maintenant vous allez la-bas."

Un troisième bureau, celui-la est a ticket. Je me souviens de ces files d'attentes chez la mère patrie. Ici, un avantage notable est que les chiffres ne stagnent pas pendant des heures. 5 minutes plus tard je me retrouve assis et j'attends patiemment. Je sais ce qui m'attend, les boites à  cote de moi sont pleine de petit flacons et d'aiguilles. 2 personnes piquent a la chaine, en attendant je prépare mon anglais tout en écoutant vaguement ce qui se passe autour.
"Essaie de faire plus vite, et tu as oublie ca, ca et ca" dit la piqueuse expérimentée au piqueur débutant. Hmmm..... je sais déjà qui va s'occuper de moi... La voix hésitante il s'approche de moi :
- Tu es bien le numero 2 ?
- Moi ?? euh.... possible ? Si ca correspond au numero du box surement ! (il y avait un gros deux au dessus de ma tête)
- Ok, ok...
Je le vois très hésitant en regardant mes papiers j'ajoute donc un petit : 
- Juste 3 flacons de sang et un d'urines, je tiens a mon sang, a la limite l'urine je dois pouvoir vous en donner un peu plus si il le faut ! Et je préfère prévenir ça m'arrive de m’évanouir pendant les prises de sang.
Il quitte son petit papier qui semblait l'absorber, et me dit d'un ton encore plus hésitant :
- Tu m'effraies la...
- Non mais des fois ça se passe bien, je préviens juste, la je suis assis je me sens bien et en confiance.
Le voyant perdu, j'avoue que cette dernière remarque n'avait pour but que de nous rassurer mutuellement. Un migrant lui aussi, nous sommes dans le même sac alors on se donne un mini coup de pouce.
- Bon ok, ok mais tu me préviens si ça ne va pas. Hmmmm en plus tu n'as pas de bonnes veines....
- Elles  ont déjà été piquées, tu peux le faire !
- Oui mais des fois ça va bien au début et puis ça collapse...
- C'est ton boulot, je suis prêt !
J'aime regarder l'aiguille s'enfoncer et le sang sortir, là il gicle par petites gouttelettes
- Hmmm d'habitude ça remplit plus vite non ? Enfin la je vais bien.
Il bouge un peu dans tous les sens pour améliorer le débit mais ça ne veut plus sortir.
- Ca collapse....
Je sens le stress monter en lui.
- Pas de souci, si tu dois repiquer, je suis en pleine forme.
Je suis fier de moi, aucun effet et je l'affirme sans perdre mon sang froid.

Sa deuxième tentative ne fut pas plus concluante, mais je me dis que je suis devenu un vrai guerrier maintenant, je peux partir vivre dans les bois !
"La troisième sera la bonne" lui dis-je. Mon excès de confiance doit être partagé pour cette dure épreuve mutuelle.
- Je l’espère.
- Hey ho, c'est moi le piqué effrayé ici, alors au travail !
La troisième piqûre se fait dans mon bras fort, je regarde l'aiguille s'enfoncer, le sang sortir avec une pression qui semble correcte. Il l'a fait ! Son visage s'illumine. Le rideau s'ouvre, sa collègue demande si tout se passe bien, me regarde et parait effrayée. 
- Vous êtes pales monsieur, vous allez bien ?
- Euh non je me sens pas trop bien la j’attends qu'il ait fini pour tomber dans les pommes.

Grands frissons, perte totale d’énergie et mon front dégoulinant... Mes yeux se ferment mais je suis toujours conscient. "J’espère que ça se remplit vite parce que la je suis vraiment pas bien". Lutter pour rester entre conscient et inconscient est un défi. Je sens mon énergie se vider au fur et à mesure que les flacons se remplissent.  Je ne cherche pas à effrayer mon noble piqueur, juste le tenir au courant avant que je ne puisse plus le faire. Je m affale littéralement, j'arrive quand même à entrouvrir mes yeux et a voir les gouttes qui s’écoulent de mon front tomber sur le sol : "Ca me rappelle l'averse de ce matin" (quelques soient les circonstances ne jamais perdre son sens de l'humour et son amour du ridicule).
- Voila c'est termine !
- Good job

Ce "good job" a du être entendu plus comme des balbutiements mais l'intention y était. On m'allonge et si les services de sante canadiens sont aussi bien que les français on devrait m'apporter un petit jus d'ici peu. Jamais un jus n'est aussi efficace qu’après une bonne piqûre !

Après m’être désaltéré et avoir récupéré tous mes esprits, on me dit de suivre les traces de pas au sol et on me donne un petit flacon. Ceci est une autre histoire réussie sans entorse mais je plains les demoiselles, ça doit être vraiment complique...

Il ne me reste plus qu'a attendre quelques mois et si tout se passe bien je recevrais ma RP cet hiver (l'hiver faisant 8 mois ici j'ai peu de chance de me tromper). Je fais donc des sandwichs en croisant les doigts (on ne nous appelle pas sandwich artist pour rien). On ne parle jamais assez de cette épreuve de la visite médicale qui est de loin la plus difficile ; loin devant les tonnes de papiers, les dollars dépensés, l'attente, les doutes... Mais maintenant c'est fait Youhouuuuu ! J’espère garder ces énormes bleus sur les bras en guise de souvenir.

PS : Un joyeux anniversaire tintin, le deuxième sans cadeau mais j'ai bien pensé à toi. Je te dédie donc tout particulièrement cette phase 2 de la visite médicale :p

4 comments:

  1. Félicitations, mon gros, t'y es presque !!!

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  2. Mais non c'est pas compliqué! On est doué c'tout.

    T'as été courageux, bravo! :)

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  3. ...en général, moi j'tombe dans les pommes à partir du moment ou il me montre la seringue... Ce qui ne lui donne pas le temps de me piquer...

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    1. J'y ai pensé mais je voulais paraître plus fort ! J'ai failli :(

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