Monday, October 15, 2012

Vacances au Yukon vol.2

Philippe et moi aimons la viande, et le congélateur, bien que satisfait du mouflon restant, aimerait bien voir un gros orignal dans ses entrailles. Nous avons donc décidé de repartir faire le même trip mais cette fois sans mon samedi off (le quatrième jour de secours). Ceci implique de partir de Whitehorse des la fin de mon shift au travail et d'arriver au point de lancement du canot ce que nous n'avons pas réussi à faire la fois précédente. Il faudra également se lever très tôt et ne pas faire trop de pause.

Vu le peu de monde venant manger mes bons sandwichs mercredi, je suis parti une heure plus tôt. Il a légèrement neige toute la journée, il fait -5 et mon cadenas commence à geler, les bons souvenirs de la saison dernière reviennent. Ma petite aventure pour aller chercher ma viande s'annonce excitante : j'adore l'hiver. Petite douche, on l’apprécie d'autant plus si on se dit que c'est sa dernière. Mes affaires sont déjà prêtes, chargement du camion et, vers 20h30, c'est parti mon kiki.

La neige redouble d’intensité et recouvre déjà l'Alaska highway, aucune trace dans notre sens. "J’espère que ça va passer dans la Canol" dis-je à mon coéquipier. Conduire 4h avec ces flocons hypnotisant doit être fatiguant. J'imagine une voiture immatriculée 13 sur le coté de la route en train de mettre les chaînes.  Son pickup n'est pas 4x4, les pneus sont des toutes saisons donc médiocres pour la neige. Nous quittons la highway après deux heures, nous voila arrivés à Johnsons Crossing, la fameuse et merveilleuse Canol road. Une route de gravelle peu entretenue et fermée l'hiver. Il risque de ne pas y avoir grand monde après notre passage. Quelques glissades, quelques frayeurs mais nous arrivons tant bien que mal au point de sortie où nous sommes censés cacher la moped. Faire la navette avec en temps normal est une aventure mais la avec la neige elle risque d’être épique. Nous continuons notre route et arrivons finalement au point d'entree à 1h30 du matin.

Après une nuit très courte on décide de ne se faire qu'un café, on mangera plus tard. Il faut profiter de ce réveil, l'orignal se chasse tôt normalement. Évidemment cette fois-ci, les gants sont de rigueur, les perdre serait catastrophique. J'ai ma tenue d'hiver mais les températures sont idéales (entre -10 et -5). La rivière et les paysages ont bien changé en un mois. Une fine pellicule de glace se forme sur les bord des endroits les plus calmes. On les entend se briser quand les ondes des notre canot et nos pagaies arrivent sur la rive. Aucune traces plus récentes que les premières neiges d'hier sauf celles d'un ours. Quelques cygnes sont toujours la, des pygargues a tête blanche suivent notre avancée. Après une grosse journée à ramer nous nous arrêtons un peu plus loin que la première fois pour établir notre campement. Vu que j'oublie toujours quelque chose, cette fois ça sera le matelas de sol mais par chance mère nature m'a préparé un bon matelas blanc. La tente ne sert dans ce genre de cas a rien : les moustiques et moucherons carnivores ne sont plus la, et il n'y a aucun risque de pluie.

Le second matin est bien plus frais. L’extérieur de mon duvet est givré mais je suis bien au chaud à l’intérieur. Ce nouveau sac de couchage prend deux fois plus de place mais je crois qu'il faut bien ça. La veille j'ai fait l'erreur de laisser mon pantalon de pluie entrer dans mes bottes j'ai un peu mouille mes chaussettes par la même occasion, maintenant elle sont dures et gelées. Il y a des gros glaçons sur mes gants également. Première mission matinale : FEU ou caveman TV. Il est vital, tout comme l'eau qui boue dès que le feu est bien en place. Il est conseillé de bouillir l'eau 10 minutes avant de la consommer sinon c'est risque de beaver fever. Un bon gros cowboy coffee pour commencer suivi d'oeufs (gelés) bacon, du reste de sauce à pâte de la veille chargée en viande de mouflon champignons et autres légumes, une soupe aux pois. Les parts sont plus que très généreuses, finalement je mange sûrement trois fois plus quand je pars pour ce genre de trip : il faut du carburant. Malgré l’énorme dose ingurgitée je redemanderai la même dans quelques heures.


La glace sur la rivière a presque doublé d’épaisseur dans la nuit on s'amuse au brise glace la première heure sur l'eau. Pas l'ombre d'un orignal, pas même une femelle. On rame toute la journée jusqu’à la sortie, nous savons que les ennuis peuvent commencer avec le voyage de retour en moped.

Après un gros repas Philippe repart avec son fusil, son leatherman, des allumettes et un rouleau de scotch (ça peut toujours servir pour réparer la moped). "Ne perds pas tes lunettes" me dit-il en partant. Pour moi commence l'attente. Comme une petite piqûre de rappel je les ai évidemment perdues à nouveau et j'ai passé l'essentiel de mon attente à les chercher. Le campground est vide mais un ours a dû roder par ici il y a peu de temps. Ses empruntes sont énormes. Une voiture arrive, je pensais que mon coéquipier revenait mais finalement un couple vient me voir en me disant que la route est vraiment mauvaise et que des voitures ont fait des belles sorties de route. Je les informe qu'ils vont surement croiser Philippe sur leur route. Peu de temps après une agent de conservation de la faune arrive, elle s'assure que tout va bien me raconte aussi l'histoire de la voiture a coyote creek. Elle part aussi en direction de Philippe : le chasseur à contrôler c'est lui, pas moi. Il y a donc de la vie par ici mais elle me dit que ça risque d’être les dernières voitures dans le coin pendant plusieurs mois.

Philippe arrive finalement il fait déjà bien nuit et nous choisissons la sûreté et une dernière nuit de bonheur dans le bush. On va se garer non loin d'un étang pour jeter un coup d’œil au réveil. On enfile les chaînes au petit matin pour finir la centaine de kilomètres sur la Canol. On arrive 40 minutes avant mon shift au boulot, juste le temps d'une douche et hop hop de retour a ma vie d'artiste. Toujours difficile le retour à la civilisation, dur de se dire que ce matin encore, je faisais caca dans les bois.





6 comments:

  1. Chouettes photos, ça donne envie...

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  2. Wahou, la neige est bel et bien arrivée par chez vous, je vous envie ! L'hiver là-bas va me manquer, l'hiver ici me fait peur... burk, la civilisation. Argh, enjoy! Le bonjour à Philippe et puis à Hélène quand tu la recroiseras ! (btw, arrête de la faire boire, ses genoux t'en voudront à vie autrement! Hahaha)

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    1. Je ne fais boire personne moi, c'est elle qui me force :S

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    2. C'est toujours nous qui te forçons, et pourtant, toujours nous qui finissons par terre au retour ! Haha ;)
      Pfiou, ça me manque nos virées au Gold Rush ou au Rock Pub! :/

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    3. Pour l'instant tu es la seule que j'ai vu par terre... :p

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