Monday, January 14, 2013

Retour en Gaule - L'avion

Jeudi était  donc mon dernier jour de boulot, depuis je ne dors plus. Le stress du retour, le manque de mes potes de boulot, les doutes... Ma valise, achetée spécialement pour l'occasion ne contient que deux corbeaux et un orignal découpés à la scie a bande par mes soins, ainsi qu'un moustique. Ces objets de décorations à base de métal récupéré à la dump inventés par Philippe sont des cadeaux parfaits. J'ai eu l'occasion d'en offrir aux personnes qui comptent le plus pour moi et ils ont eu tellement de succès qu'on m'en a recommandé encore de nouveaux. 8 kilos sera le poids total de mes bagages.

Le taxi devant me mener à l'aéroport arrive à 4h du matin, cette nuit était blanche, une de plus... Je charge ma valise, enlève la bouteille de vodka qui traine sur le siège passager tout en faisant un gros clin d’œil à mon pilote aux yeux injectés de sang. Nous parvenons à l'aéroport non sans zigzags.

Il y a là une famille québécoise qui parle de façon à ce que tout le hall les entendent : ils ne sont décidément pas nos cousins pour rien. La charmante hôtesse qui s'occupe de l'enregistrement a un visage qui m'est familier et me dit en regardant mon billet : "France... Vous reviendrez quand pour faire nos sandwichs ?" "C'est l'homme qui m'a fait à manger tous les midi cette année" ajoute-t-elle à sa collègue avec un grand sourire qui déstabiliserait très facilement le mâle censé sommeiller en moi.   10 mètres plus loin l'agent de sécurité rajoute en rigolant "Et mon Meat ball ?". Je vis dans une très petite ville et on me reconnait malgré l'absence d'uniforme.

Il faut 2 heures pour rejoindre Vancouver. On ne survole aucune ville, aucune lumière et quand le soleil commence à se lever je n'aperçois que montagnes enneigées, lacs et rivières. 8 heures d'attentes à l’aéroport avant de repartir. J'en profite pour somnoler sur un banc et remarque à la télé des beaux rafales (cocorico), c'est la guerre la France a décidé de partir au Mali. Cela fait si longtemps que je n'ai pas vu les news, la dernière fois ca devait être en France.

Je me sens comme un plouc qui sort de sa campagne effrayé par la densité de personnes autour de lui. Une fois l'attente terminée, je me dirige vers mon 2e avion et la plus grosse partie de mon voyage direction Amsterdam.

Assis à côté d'un hollandais fort sympathique avec qui nous baragouinons, lui en hollanglais et moi en franglais. Cet échange restera mémorable. La sympathie des canadiens, la beauté du pays, les problèmes européens, ma folie d'avoir choisi le Yukon, les joies d'un retraité en vacances venant voir sa famille expatriée, la bouffe dans les avions, les charmantes hôtesses hollandaises... peu de sujets sont mis de côté.

Malgré le manque de sommeil je ne ferme pas l’œil de la nuit et regarde la petite carte indiquant notre position. Au dessus de la baie d'Hudson je remarque par le hublot les aurores boréales qui me font un dernier petit au revoir. 

L'annonce du pilote nous signalant que l'aéroport est surchargé à cause de la neige me rappelle que j'arrive en Europe. Nous volons en cercle au dessus d'Amsterdam, des routes, des routes, des autoroutes, des villes, des villages me voilà de retour sur le vieux continent surchargé et immobilisé par ses 3 cm de neige et son grand froid (-2°C).

Une fois au sol nous devons encore attendre 2 heures avant d'arriver à un quai de déchargement. Par chance tous les avions sont en retard, ma correspondance sera donc possible. Bien moins accroc à la cigarette qu'avant je décide tout de même d'aller faire un tour au fumoir : une petite salle de 20m² dans laquelle 50 personnes s'entassent pour leur dose. Nul besoin d'en allumer une, une simple bouffée d'air suffit pour ma dose hebdomadaire. N'ayant aucun odorat, je distingue tout de meme pour la premiere fois de ma vie l'odeur de la clope. Je me sens encore un peu au Canada, il semblerait que Starbucks ait l'ambition d'envahir les aéroports du monde entier et même au-delà.

La dernière partie du voyage en direction de Marseille sera assurée par Air France. Facilement reconnaissable grâce à l'accent des hôtesses lorsqu'elles parlent anglais. J'approche du but et mon cœur bat la chamade. Qu'est ce que je vais bien pouvoir dire ? Va-t-on me reconnaitre ? Ne me suis-je pas éloigné/isolé trop longtemps ? Vais-je arriver a vendre l'amour que j'ai pour ma nouvelle vie ? C’était la première fois que je partais si longtemps et si loin des miens, il me semble avoir réussi cette mission mais ce retour provisoire ne sera-t-il pas la plus difficile des épreuves ? Dans quel état retournerai-je au Canada ?

Ici, la main de l'homme a façonné les paysages. Villages, routes, chemins de fer, ponts entourés de parcelles rectangulaires de terres agricoles. Il ne reste plus un seul centimètre carré de nature sauvage. Le Ventoux est sous mes pieds, s'en suit la sainte Victoire de Cézanne, j'arrive. Je distingue enfin l’étang de Berre et ses magnifiques raffineries, Vitrolles et son méga centre commercial, les Milles et son ultra centre commercial, Plan de campagne et son giga centre commercial (Marseille étant caché derrière les collines on ne distingue pas son tera centre commercial) tout ça dans un cercle de moins de 30Km de diamètre. Le choque est encore plus brutal que je l'imaginais mais je suis excité à l’idée de revoir ma famille, ma Louloutte et la Guiminette, ma maison, l'immense pin planté alors que je n'avais que 5ans, mes collines et sa garrigue, et ma bande de joyeux lurons.

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