Dernier mois dans le nord ?

Nous y voilà, après presque deux mois à chercher un boulot pour pouvoir rester ici, l'heure d'acheter le billet retour sonne malheureusement. Il est facile de dire de ne pas avoir de regret mais de savoir que je ne vais pas finir cet hiver s'annonçant si prometteur me provoque un petit pincement au coeur à chaque fois que je retourne dehors.

"Avec le bois, on se chauffe plus d'une fois ! ". Voila une phrase qui prend tout son sens maintenant que l'hiver est là. Après avoir tronçonné et porté tout ce bois, maintenant le fendre pour finalement l'utiliser pour chauffer sa maison. Même si il faut être équipé (notamment le pickup prêt à être ruiné dans les bois), cette méthode de chauffage reste rentable, quand on sait que certains paient jusqu'à 800$/ mois en chauffage, on  est content d'avoir fait tout ce sport en octobre. 

Après avoir eu une grosse période lecture, j'en suis revenu aux fondamentaux : le vélo (et dérapages dans la neige) et la marche (plus communément appelée "scroutch scroutch"). Je suis heureux de voir que même ici des locaux me traitent de fou, mais il n'y a rien d'insurmontable pour l'instant, malgré le vent, la neige, la glace et des températures jamais encore ressenties ça reste un vrai bonheur. Evidemment, je ne vais pas dire qu'il ne m'est jamais arrivé d'être littéralement congelé. Quand on passe 8 heures en ville avec son petit vélo par des températures avoisinant les -30°C on regrette parfois de s'obstiner a garder ses chaussures d'été, de ne pas avoir une couche supplémentaire, d'avoir oublié les mouchoirs,  de s'être lamentablement vautré dans la neige quelques instants plus tôt, de ne pas avoir un ordinateur avec starcraft à la maison... Des erreurs qui se corrigent petit à petit et qui font que je suis pleinement dans ma bulle une fois équipé sur mes deux roues, pendant que je vois tous ces gens pousser leur voiture, galérer à déneiger ou à démarrer, laisser le moteur tourner pendant la pause repas.

Le froid est finalement un allier que j'apprécie grandement :
- On peut acheter du frais ou du surgelé sans avoir à pédaler comme un fou pour le ramener au frigo (frigo qui au passage reste un luxe inestimable après 4 mois sans, on revit en sa présence).
- Cela revigore grandement : un petit coup de fatigue ? Vas donc faire un petit tour dehors !
- Il  permet de ne pas avoir trop chaud sous toutes ces épaisseurs de vêtements (à peine tiré par les cheveux).
- Il justifie en partie tout ce bois coupé.
- Lui et le manteau neigeux apportent un calme et une sérénité sans égal en forêt.

L'appareil photo reste souvent au chaud mais ça ne m'empêche pas de continuer mes balades castors le long de la rivière. Eux aussi vont me manquer, ils m'auront offert tellement de grands moments. En journée, dans les bois comme en ville, seuls les corbeaux et les pies sont encore très présents mais quelques traces montrent qu'il doit être possible de croiser d'autres bestioles. Le soir, Lola (une de mes coloc') me fait les yeux doux pour partir en balade. Comment lui résister (avec ses petits poils aux pattes) ? Il nous arrive fréquemment de rencontrer quelques coyotes ou renards en quête de nourriture facile non loin des habitations, phénomène finalement fréquent dans beaucoup de villes. Les belles aurores se font elles aussi bien rares, ce n'est pas faute de passer encore beaucoup de temps à les guetter. Les nuits dégagées étant souvent les plus froides, après avoir fait plusieurs tentatives, j'avoue que ça commence à être compliqué de rester plusieurs heures dehors pour espérer les voir danser.

Le plus grand froid ressenti reste encore celui en m'imaginant dans l'avion pour le retour en France, certes ma famille et mes amis me manquent mais le risque de retomber dans certaines banalités m'effraie bien plus. Je profite donc encore un peu de la chaleur nordique et de la fin de cette année "compte triple" au Canada :-)

@Papa Noël : N'oublie pas mon job please. J'ai toujours cru au barbu !