Trip de canot - premiers coups de rame

Partis pour environ 780Km de canot en plein milieu de nul part dans le petit grand nord canadien. Une seule ville (que nous appelons hameau chez mère patrie) avec sa poignée de centaine d'habitants nous attend à mi-chemin sur la Yukon river (rivière que nous appelons fleuve chez mère patrie). Au final cela ne représente qu'une toute petite partie de cet immense fleuve, un des plus long d'Amérique du nord .

Même si je n'ai jamais été aux manoeuvres lors de mes aventures précédentes, je commence directement à la place du chef. Malgré une joie et une excitation immense d'être enfin sur l'eau, c'est la gorge serrée que je mets mes premiers coups de rames. Je ne peux effacer ce stress, c'est aussi lui qui m'aide à savoir comment réagir vite en cas de quelconque problème ; le tout reste que cela ne tourne pas en angoisse...

Si le but est de garder un cap on dira que c'est un homme saoul qui a conduit ce jour là. Le point fort de cette équipe c'est mon compagnon. Il est le calme incarné. Le bois : il y a grandi, le canot : il connait. Il n'est pas celui qui s'énervera pour mes erreurs de débutant. "800 Km... Tu vas en mettre des coups de rames, tu auras le temps d'apprendre", "Tes ancêtres ont fait ça avant c'est dans tes gênes ne t'en fais pas".

J'ai avec moi une carte de la rivière et mon GPS. Sur la première j'ai un grand nombre d'information : des gros tourbillons, des piles d'arbres, des bancs de sables/roches pour une partie des dangers ; des zones de campements potentiels et des "choses à voir" pour les réjouissances.

Nous faisons moins d'une quinzaine de kilomètre et décidons de nous arrêter  établir notre premier campement. Nous avons déjà croisé un élan  et un grand nombre d'oiseaux migrateurs qui choisissent ce bon coin de planète pour passer leurs vacances d'été au calme.

Certains font cette aventure avec une obsession du nombre de kilomètre fait par jour. Nous sommes ici pour faire du camping dans le bush, contempler, se promener et nous nous gardons 2-3 semaines pour ce voyage. Nous partageons l'amour du feu, de la tente, du silence de la nature ou du bruit des bois.

Ce premier campement sera surnommé par la suite le bar de la bouette (boue)  où mon compagnon aura réussi a perdre ses deux bottes et ses deux feutres en 4 pas en s'approchant de notre feu.  La tente sera placée dans ce que j'appelle un champ d'orignal. Ces herbes hautes labourées par les géants à 4 pattes. Pour un premier soir "into the wild" il fallait que le choix soit laborieux. Une chose est certaine j'ai retrouvé mon petit sourire béa. Je me sens dans mon élément.