Saturday, June 1, 2013

Trip de canot - mais surtout de camping


Elle roule bien notre petite affaire" remarque Sylvain pendant la "préparation" d'un campement. Une fois la journée de rame terminée c'est la que commence le boulot. Détacher et vider le contenu du canot, chercher et ramasser du bois de qualité, démarrer le feu, trouver un emplacement pour les tentes et les monter, faire le plein d'eau et la faire bouillir, prendre une marche pour un gros plein de bois, commencer la popote, faire la vaisselle, bruler les ordures, tout ranger seulement ensuite la fatigue aura le droit de faire son apparition... Le matin, juste après la vidange de vessie, on remet ça pour le gros petit déj, faire du pain, tout re-nettoyer, ramasser les ordures, recharger en répartissant le poids soigneusement, attacher. Ces missions sont précisément tout ce que nous adorons et la raison de notre 'trip' que nous appelons (et voyons comme) nos 'vacances'.





La bouffe



L'eau étant (très très) chargée en sédiment mieux vaut ne pas redouter de boire de l'eau marron voir boueuse et d'y faire votre cuisine. Pour éviter la beaver fever (fièvre du castor) il convient de faire bouillir l'eau pour la rendre potable. Les âmes sensibles pourront la laisser décanter pour la faire passer de marron opaque à jaune pisse. J'ai tout de même embarqué 10l d'eau que nous utilisons pour recharger notre gourde et pour le cas où. Si l'un d'entre nous tombe malade et commence à se déshydrater de la bonne eau sera la bienvenue. Ce bidon me suit dans le canot en fonction de ma position (c'est toujours 10Kg de plus pour compenser mon poids plume)



Le café sacré se boit au litre le matin, le midi et le soir. Il se fait à la version cow-boy : on jette le café directement dans l'eau bouillante et on le boit ainsi. Le marron de l'eau étant masqué par le noir du breuvage et les grains de sable par ceux du café. Il est le remontant, la motivation, celui qui nous réchauffe et celui qui nous réconforte après une journée à ramer. Il est aussi celui qui nous oblige à faire des pauses prolongées juste pour une grosse tasse.




Nous ne partons jamais dans les bois sans de quoi faire un peu de lambas (du pain de route elfique). Farine, poudre à pâte, sel et eau pétris et jeté sur la braise. Mon camarade et moi aimons nous sucré le bec et nous ne sommes pas partis sans nos deux gros pots de nutella. Ca me permet de ne pas être trop handicapé par ma chocolatomanie. Si je peux me passer de tout dans les bois un petit plaisir prendra une place énorme il convient de les consommer avec modération pour toujours en avoir en cas de coup dur.



Ce plaisir pourra  être la sauce tomate dans les pâtes ainsi que des petites épices. Les agrémenter d'une boite de crabe pour les journées exceptionnelles. Gouter a ces quelques infusions de blackberry. On regarde le contenu de notre barri de nourriture en se sentant les rois du monde côtoyant le dieu Feu.



- Qu'est ce qu'on se fait de bon ?

- Je propose une base de patate pour changer. Non ?
- Oh oui des patates hmmmmm !!!! On a pas mal avancé aujourd'hui on pourrait faire se faire plaisir et...
- Yep, pourquoi ne pas claquer cette petite boite de sauce aux champignons avec ça pi du parmesan en mass ? Sinon on fait genre  un mélange riz/maïs/thon avec ?
- Et pourquoi pas tout ensemble ?
- Ok let's go on va se péter le bide ! Moi je vais essayer d'attraper un poisson le temps que ça cuise.
- Vas-y fort mon homme.



En ville je mange difficilement une fois par jour ici je pourrai ne faire que ça, les portions sont gargantuesques (2kg de pâte ne font que 5 repas) Je me surprends à penser bouffe entre chaque coups de rame et à avoir envie de m'arrêter faire un nouveau plein bien plus souvent qu'à mon habitude.



Je n'ai jamais autant apprécié un repas que dans le bois.



La tente




Si il est possible d'être attaché à son chez soi ce lien existe plus en raison du contenu que du contenant. Si nous jouons aux barbus aventuriers dans le middle of nowhere nous parlons de nos tentes comme de vrais males parleraient de leur voiture.


Monter sa maison chaque jour dans un nouvel endroit n'a pas de prix. Le rituel est précis et pourrait se faire les yeux fermés. Si je ne suis pas quelqu'un de soigneux, elle, est sacrée. Un zip se ferme systématiquement, mes affaires ont une place précise.



Je ne peux pas m'empêcher de repenser à mes premières "nuits" en tente dans ce genre de nature il y a deux ans. Un insomniaque maigrelet dans sa tente au pays du soleil qui ne se couche pas, de celui du Sasquatch et autres gros poilus dont je préfère taire le nom. Inutile de vous dire qu'il m'a fallu plusieurs jours pour enfin fermer les yeux.





Une fois à l'intérieur on perd le sens de la vue, comme si le cerveau cherchait à compenser, on devient bien plus attentif aux bruits du bois. Leur omniprésence agite notre imagination.  La vie est tout autour de nous. J'entends le petit rat musqué nager, les batements d'ailes de ce sandpiper qui fait des vas et vient, un écureuil qui grimpe sur l'arbre et lâche son alerte "Un prédateur arrive-t-il ? Suis je ce prédateur ?" le tout sur fond de  chant que j'appelle "électronique" mais que nul appareil ne pourra imiter. Par moment un autre son étrange retentit comme un gros bruit de battement de coeur s'accélérant (d'autres disent un ballon qui rebondit) effraiera le novice et fera rêver l'initier de perdrix grillée.



L'angoissé pourra bondir après tous les sons. Depuis le vent dans la toile de sa tente jusqu'à la bestiole qu'on entend renifler.



Je n'ai jamais autant apprécié dormir que dans le bois.

1 comment:

  1. la "tata" avait fait un petit "spitch" hier soir mais je vois que celui là n'est pas passé.
    Alors, je recommence...
    Je te disais grosso-modo ceci:
    je n'ai plus besoin d'aller chercher l'aventure et dormir sous la tente car j'ai un toit qui me va bien et je suis entourée de tous les chants d'oiseaux : coucou, hirondelles, hibou-chouettes, rossignol, gaipieds, grenouilles, cigales,j'ai aussi le chant des voisins, mais en ce moment c'est plus calme (si on peut dire car ils font le "ramdam")pour 1 mois!!!
    J'ai aussi la visite d'un petit écureuil qui promène sur le toit avec sa branche de pin dans son"bec" '(et non sa tranche de pain)... Les moustiques, sont là aussi, mais j'ai ma lotion aux huiles essentielles!!! mais parfois ca ne suffit pas, alors un peu de vinaigre (blanc) calme les démangeaisons...
    Pour ce qui est de purifier ton eau (puisque tu es en ville) pour plus tard, si tu peux te procurer de l'argile verte, tu en mets un morceau dans l'eau et elle est bonne à boire... Enfin si elle n'est pas trop saumatre.
    Bon voilà qques conseils d'une "ancienne".

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