Friday, June 7, 2013

Trip de canot - La rivière


Si je suis incapable de décrire les beautés du Yukon et de sa nature sauvage il aurait été difficile d'avoir la prétention d'écrire des articles sur cette aventure sans en parler.


La végétation semble relativement peu variée dans le sud Yukon. Les paysages dominants sont donc des forêts à perte de vue d'épinettes principalement.


Les zones brulées composent une grande partie du paysage. Cela peut ne pas être très attirant mais je trouve du beau dans ces paysages chaotiques. Lorsque les fireweed (d'où son nom) montrent leurs belles fleurs roses au milieu de ces restes d'arbres calcinés ça approche le magnifique, malheureusement il est encore trop tôt.


La rivière de manière générale est un enchainement sans fin d'immenses virages. La largeur par moment rappelle plus celle d'un lac que d'une rivière.. Les chapelets d'iles dans lesquels nous nous déplaçons semblent être des labyrinthes par endroit mais le paradis des canards, oies, cygnes...


Des creek (ruisseaux) rejoignent la "grosse" tout le long du trajet. Parfois le courant et le fond les rendent accessibles, on peut tomber sur de beaux petits joyaux. Les plus célèbres le sont pour leur or.



L'érosion travaille sous nos yeux, il n'est pas rare de voir des gros éboulis provoquant des nuages de poussière finissant par flotter au dessus de l'eau et nous accompagner pour plusieurs mètres. Les arbres les plus proches de la rive se retrouvent penchés à l'horizontale parfois (gros danger). Il ne leur reste plus longtemps avant d'être embarqués par la rivière et finir dans d'énormes piles d'arbre en aval. Nous naviguons d'ailleurs sur cette autoroute accompagnés d'un grand nombre de branche/arbre. Le gel/dégel permet à la rivière de grignoter quelques centimètres (mètres) sur la rive chaque année.


Le sable est très présent au Yukon, cela m'avait marqué en arrivant ici. Les "plages de sables" sont des endroits parfaits pour accoster. Mais certaines d'entre elles se rapprochent plus de "sable-mouvant". Je me suis retrouvé enfoncé jusqu'aux mollets le temps de détacher le chargement du canot et ce sans m'en rendre compte. Ces endroits sont à usage unique. Une fois que vous avez fait quelques pas l'eau remonte et le sable devient un aspirateur à botte.


Nous brisons le bruyant silence de la nature par moment pour tester notre écho. Si parfois les montagnes nous renvoie ces sons, la forêt dense joue aussi bien ce rôle. A certains endroits un petit coup de rame sur le canot peut rebondir à plusieurs reprises et finir dans le bruit semblable à un coup de feu !


La météo


Si de manière générale nous avons eu très beau temps, il faut encore penser à ce changement très brutal des conditions météos. Nous ramons parfois sous un soleil de plomb en direction d'une masse nuageuse inquiétante avec de sombres nuages  derrières, une grosse averse à droite, des éclairs à gauche.



Le vent est un ennemi farouche, parfois des rafales nous stoppent net ou nous poussent contre des obstacles. Il ne choisit pas de souffler en direction du sud ou du nord mais toujours dans notre face... Si ce n'est pas le cas il convient de se placer pour que ce soit ainsi. Il s'engouffre  dans ce fleuve pour souffler de toute ses force sur cette pauvre petite embarcation. Garder son cap devient une mission compliquée, les efforts demandés sont quintuplés. Si ça ne me dérange pas de pagayer sous la pluie, il me semble pouvoir sentir quand ça risque de tourner en mini (grosse) tempête. La rivière étant immensément large, il est bon de ne pas se retrouver en plein milieu quand cela arrive.


Il nous est arrivé de passer d'un temps plus que clément à la grosse averse venteuse à plusieurs reprises. Trouver un endroit potable pour se mettre à l'abri devient crucial.


Est-il nécessaire de rappeler qu'à un mois du solstice les nuitsn'existent plus, il nous est possible de pagayer à 2h du matin sous un magnifique ciel.


De l'histoire




Les reliques historiques sur les trajets sont très nombreuses. Les rivières étant de véritables autoroutes elles ont été fortement utilisées notamment pendant le gold rush. La Teslin et ses environs a été exploitée pour son or également.


La jonction Teslin river/Yukon river est un lieu stratégique précisément pour les raisons qui nous ont poussé à choisir ce trajet. Les rivières dégelant avant les lacs on y conservait un bateau pendant l'hiver afin de ravitailler Dawson directement depuis ce poste plutôt que depuis Whitehorse bloqué par le lac Laberge. L'été et la période pour exploiter les sols étant courte il n'y a pas une seconde à perdre (ce rush est toujours très perceptible aujourd'hui dans l'industrie minière).


Il est possible de rejoindre la Yukon river depuis les 4 coins du Yukon - à chaque jonction son lieu de rencontre et d'échange. Tous les chemins ne mènent non pas à Rome mais à la Yukon river.  D'anciennes cabines, parfois poste de telegraph, poste de police, écoles, églises, épicerie,  cimetières peuvent être vues à chaque intersection. Quelle sensation étrange de se retrouver ici, de se sentir perdu, sans aucune autre possibilité que la rivière pour les atteindre et se dire que des gens ont fait leur vie ici. Sonner la cloche de l'église à Fort Selkirk, ce "petit village dans la prairie" devenu fantôme est un incontournable du voyage. Les récentes routes de goudron ont gagné la bataille et vidé ces habitations.



En "bon" homme blanc j'ai parlé en premier de nos traces laissées mais ces  auraient été peu probable sans l'aide des tribus autochtones qui se servaient déjà de ces lieux. Les diverses tribus sont toujours "liées" à une rivière (un réseau ou une partie).

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