Friday, July 13, 2012

The bike guy

Vivant dans la maison du vélo il aurait été dommage que je n'en fasse pas un petit article. Philippe (mon si souvent cité proprio.) est connu dans tout Whitehorse (voir dans tout le Yukon) comme le "bike guy" et bien qu'il ait vendu son bike shop au centre ville a son ancien employé il est très loin d'avoir abandonne l'univers des deux roues et il n'a pas eu besoin de me forcer pour me plonger dedans... Il ne se passe pas un jour depuis que j'habite ici sans que je pense à parler de cet univers (ou plutôt son univers) et ce depuis mes premiers instants ici.

Purple bikes :  

20 ans à parcourir le Yukon avec son bike shop mobile pour aller réparer des vélos dans les différentes communautés perdues du Yukon et laissait un petit autocollant sur les deux roues jouissant d'une nouvelle vie après être passes entre les mains du maître. Il s'est fait un nom comme ça et sa réputation n'est plus à faire. Des gens débarquent quotidiennement pour se faire réparer leur deux roues ou simplement lui donner des vieux vélos. Quand on a de l'or dans ses mains et qu'on sait l'exploiter ça donne cette renommée. Maintenant il a des montagnes de vélo (des centaines), des tonnes pièces. Il leur donne une second souffle pour ensuite les louer au prix de 1$ par jour. Système peut-être peu rentable alors que le tarif habituel ici est de 25$ par jour sauf si on est propriétaire de la plus grosse flotte de vélo de tout le nord du Canada. Si 100 vélos tournent par jour cela peut devenir un business presque lucratif. Il ne faut pas oublier comme je l'ai souvent signalé, que le sport national est le vol de bicycle ici. Pour lutter contre ça, sa flotte est toute violette, numérotée et chaque vélo a son nom gravé sur une plaque soudée. Les voleurs (souvent des titubateurs) connaissent le propriétaire, et un vélo violet qui traîne quelque part finit très souvent par être ramené à la maison ; c'est ainsi que mon beau Ganesh volé l'hiver dernier reprendra sa place après lui avoir refait une petite beauté.

A son retour de vacances, au mois d'avril, la belle saison approchant, il a fallu remettre en état ces tonnes de ferrailles. Philippe est quelqu'un de très indépendant, et si au début de notre rencontre il nous arrivait de papoter dans son atelier, il me faisait vite comprendre qu'il devait travailler et me mettait gentiment à la porte. Maintenant nous passons énormément de temps ensemble et je me suis fait une petite place dans son garage et après une journée riche en sandwichs je plonge mes mains dans le cambouis pour l'aider a remettre ses bébés en état. Si je connaissais les bases de la mécanique d'un vélo, avec lui j'ai appris que ces petits deux roues étaient bien plus complexes qu'ils le paraissaient. Je suis un passionné d'outils depuis mon plus jeunes age, a peine commençant a marcher le barbu en robe de chambre rouge m'apportait des boites à outils pour mon plus grand bonheur (ou des camions de chantier miniatures). La découverte d'outils spécifiques qui demanderaient un doctorat en bricole rien que pour comprendre comment ils fonctionnent a été comme un cadeau de noël. Remettre tout ça en ordre ce n'est pas simplement regonfler et huiler mais c'est aussi les démonter entièrement pour les peindre, détordre des cadres, dévoiler les roues, remonter des roulements a billes... Sa flotte se compose d'une centaine de vélos mais il reste assez de scrap pour en reconstruire presque autant.
 
Warm shower :

Dans le principe du Couchsurfing, warm showers est un site communautaire destine aux cyclo-randonneurs et ils sont nombreux dans le Yukon en été. Philippe héberge donc régulièrement des cyclistes venant du monde entier. Avec eux, leurs énormes sacoches, leurs gros mollets et leurs histoires toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Le bicyclown sur les routes depuis plus de 5 ans, il a traverse pratiquement tous les pays de la planète et nous montre fièrement quelques unes de ses vidéos. Ce jeune français qui a parcouru 25 000Km en un an de la France a la Chine pour finalement prendre un avion direction Anchorage, puis effectuer la remonte jusqu’à Prudhoe Bay  en empruntant parmi les pires routes au monde, de passage ici avant de rejoindre Vancouver et rentrer en France sans grand enthousiasme. Ces deux suissesses qui ont traversé Canada et États-Unis et qui nous parle d'un certain Bicyclown croise au Labrador... et la liste est encore longue. Pour faire ce genre d'aventure il faut avoir une sacré motivation mais tous sont unanimes en arrivant ici : ils dorment dans le temple du vélo et se réjouissent de planter leur tente en plein milieu des tonnes de bicycle.

Si j'ai découvert l'an dernier les joies du backpacking je dois avouer qu'un gros trip en vélo m'attire de plus en plus ; pourquoi pas une descente dans les rocheuses voir une traversée du Canada ?

Le bicycle Dome :

Si vous venez vous asseoir ne serait ce que 20 minutes dans notre jardin vous verriez au moins une voiture s’arrêter pour prendre en photo ce qui, selon ces photographes, constitue le plus célèbre monument de Whitehorse : le bicycle dome.  5 mètres de haut, un peu moins d'un millier de roues, 2 semaines pour le construire, et 5 ans a récupérer des roues de vélo. Les moins timides de ces touristes photographes osent parfois lui poser des questions et la conversation est a peu près toujours la même :

- Mais c'est quoi ? ça représente quoi ?
- Bin, c'est de l'art !
- Oui mais comment vous est venue l’idée de faire ça ?
- Oh bin, les dômes géodésiques sont faits a partir de triangles et je me suis dit qu'en superposant des roues de vélo j'arriverai a former des triangles.

Cette dernière phrase clôture souvent le dialogue, a moins de tomber sur architecte farfelus. Mais voila une réponse qui, pour moi, caractérise pleinement Philippe et son esprit de génie. Il n'est pas un réparateur de vélo, mais un artiste scientifique physico-mécano-bricolo et pour rassembler tout cela il faut avoir un petit vélo dans sa tête.

Ce dôme n'est que le dernier bébé d'une longue série. Il lui arrive d'en faire des éphémères pour des festivals, il a même été en contact avec des responsables de festivals en Australie pour aller en faire la bas.

Si vous voulez voir plus de photos il vous suffit de taper 'Bicycle dome" dans google image.

Art et sculptures cinétiques : 

Si je n'ai jamais rien compris a l'art de manière générale (en dehors de la conception de sandwichs bien évidemment), celui de Philippe est pour moi tout simplement génial. Toujours a base de récupération, ses idées de sculptures animées se construisent bien trop rapidement dans son esprit et le facteur limitant ne devient que le temps nécessaire pour les realiser. Ses idées viennent en regardant un bout de métal, ensuite son haut niveau de bricole et ses années d’expérience prennent le relais. Certainement une des plus populaire, elle est l'attraction de la maison qui a des allures de galerie d'art. Défiance de la gravite, ces balles suivent leur route de bas en haut dans leur circuit fait entièrement en rayon de roue de vélo :

 

Un objet qui vous frustre ? Il vous suffit de le poser sur une de ces plate-forme et il sera détruit par le marteau. Le système de capteur et de délai activant le marteau sont tout particulièrement ingénieux.
Voila seulement deux exemples en vidéo de sculptures cinétiques mais la maison en regorge. Des fontaines, des histoires de verres qui ne se remplissent jamais (ou ne se vident jamais) des horloges en pignon de vélo, des insectes a base de bougie de voiture, des girouettes corbeau (ou autres animaux symboles du Yukon) qui surmontent le toit de plusieurs maisons au 4 coins du territoire mais également a l’étranger, un télésiège et pistes de ski pour balles de ping-pong... son art n'a pas attendu cet article dans ce modeste blog pour être reconnu et fait régulièrement depuis une quinzaine d’années la une des journaux locaux.




Je pourrais continuer longtemps parler par exemple des Frankenbike qui ont aussi beaucoup de succès. Le taxi bike et son canapé fort confortable, vélo-remorque frontale, une roue, deux roues, trois roues, 4 roues... Sa course de Penny-farthing (les vieux vélos a grande roues) en Tasmanie a laquelle il fini systématiquement sur le podium, ma première sortie en tandem. La réparation de son vieil énorme school bus qui nous a donne bien du mal et qui aura été mes premiers pas en mécanique : changer un embrayage de voiture ce n'est pas facile parait-il mais celui d'un bus je peux vous confirmer que ça ne rigole pas et qu'on a vite fait de se faire écrabouiller  par la transmission ou de laisser un morceau de membre quelque part. Par chance on a fini avec des gros pinçons, quelques bleus, bosses et autres croûtes qui de toute façon accompagneront toujours quelqu'un qui se sert de ses mains et sans eux je me sens bien trop seul et vide.

1 comment:

  1. Jamais je n'oublierais ton proprio', qui m'a fourni le plus beau vélo que j'ai jamais possédé (le seul en fait) et qui a provoqué des vagues de jalousie dans ma colloc' de l'époque.

    En plus, le SAV était génial, le prix ridicule (au regard de la longueur de la location) et le mec, juste génial.

    Great memories !

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