4 jours dans un bus

Mercredi 22 juin, 6 heures du matin, une douche rapide et j'enfile mon meilleur ami sur mon dos. J'ai laissé quelques affaires chez un de mes contacts sur Montréal, mais la je pars très loin, au dessus du 60e parallèle et il est possible que j'y passe l'hiver. Je suis donc obligé de prendre mes vêtements chauds. La nuit a été courte et mon sac, toujours lourd et encombrant traverse les rues de Montréal, heureux de quitter la grande ville. Il profite du métro, peut être une dernière fois, et attend sagement d'être jeté comme un malpropre dans la soute du premier bus d'un long trajet. J'ai acheté quelques boites, du pain de mie et des pommes pour éviter d'avoir à m'acheter les mini sandwichs à 15 piasses (les dollars en québécois) dans les arrêts de bus de Greyhound, j'ai déjà expérimenté cela, je ne me ferai pas avoir deux fois surtout que ma route va être longue.

Montréal-Ottawa, un trajet que je connais déjà bien, je suis excité à l'idée de rejoindre ma destination tant attendue mais mes yeux ne tiennent pas et se ferment... A 9h20 j'arrive à mon premier changement dans la capitale nationale, et à 10h je dois prendre un autre bus pour Sudbury un peu plus loin en Ontario. La route est belle mais j'en profite peu. J'ai acheté un mini oreiller car je sais que s'endormir dans un bus ça sera le torticolis assuré.

Un peu plus de 8 heures de route et je change de bus pour aller jusqu'à Thunderbay, j'y arrive le jeudi 23 à 10h30 et j'y fête mes 27h30 de bus. Encore un changement direction Winnipeg. La route est plate (dans les deux sens du terme) des champs à perte de vue, pas un seul relief, et très peu d'arbre... On suit la voix ferrée en doublant des trains qui doivent faire des kilomètres de longs (je suis peut être un peu marseillais...). A 19h30 j'arrive dans cette ville qu'on m'a décrite comme la plus nulle et morte du Canada, mais je sais pourtant que certains y sont et s'y régale. Comme quoi ça dépend toujours de ce qu'on cherche... Les villes se suivent et se ressemblent, encore que là on sent encore plus le côté américain avec des services de sécurité avec gilet pare balles, la fouille des sacs aux gares routières. Des tours, des grosses routes, du monde...

Le voyage de nuit m'amènera à Edmonton en Alberta, à 21 heures de là. J'ai un changement à y faire après 8 heures d'attentes, c'est la première fois que je revois mon sac et que je le remets sur le dos. Je suis heureux car on m'avait dit que les changements faits par les agents de Greyhound dans les soute des bus réservent souvent des mauvaises surprises et qu'on arrive souvent à destination sans son sac... J'ai bêtement préféré laisser mon matériel photo dedans pour éviter d'avoir à le surveiller pendant mon sommeil... Là les agents de sécurités me déconseillent vivement de ne pas sortir de la gare, j'ai même l'impression qu'ils me suivent lorsque je me déplace à l'intérieur. Il y a énormément d'indiens qui rôdent, à la recherche d'un acheteur potentiel de drogue ou n'importe quoi d'autre. Et oui ici, ce sont eux qui s'occupent de ce florissant marché. Plusieurs sont sévèrement molestés, pour être simplement rentrés dans la gare à plusieurs reprises pour aller aux toilettes, et même gazés par les agents de sécurité... Sympathique, on se sent tout à fait en sécurité, mais bon si on leur donne des bombes d'auto défense c'est forcément pour s'en servir... Mais ils s'étonnent, de ne pas être aimés. J'ai longuement discuté avec l'un d'eux qui regrettent que les agents comme lui ne soient pas armés comme aux USA.

Départ d'Edmonton à 00h01 le samedi 25 juin, direction Dawson Creek au nord de la Colombie Britanique, le kilomètre 0 de la route numéro 1 : l'Alaska Highway. La route est tout simplement magnifique, son nom, les paysages, l'horizon, la nature extrêmement sauvage, on voit clairement que les rivières choisissent leur lit au grès des saisons. Rien que pour cette route je serai prêt à repayer ce billet de bus. Des ours noirs, des orignaux, des aigles, des cerfs, des bisons... Je savais que ça allait être la plus belle partie de mon trajet mais jamais je n'aurai imaginé à ce point. Et toujours aussi mal organisé, mon appareil est dans la soute (du moins je l'espère...). Enfin... les photos sont dans ma tête et il est impossible que je ne reprenne pas cette route un jour. Pour cette portion de route je conseille de se mettre devant, et de parer avec les chauffeurs qui sont souvent de vrais passionnés et de très fins observateurs. Ils n'hésiteront pas à s'arrêter au bord de la route pour que les passagers puissent prendre quelques photos. On est loin des bus de grandes lignes. Il fait encore bien jour, je demande l'heure : 1 heure du matin... ???!!! Oui nous sommes bien dans le grand nord. Lors de notre dernier arrêt le chauffeur remarque un pneu crevé sur la remorque on perd donc plus d'une heure pour qu'il sache quoi faire. On abandonne finalement la remorque et on file sur Whitehorse où on arrive à 4 heures du matin le dimanche 26 juin.

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Ce voyage aura duré près de 93 heures sans compter les fuseaux horaires traversés (2), 5800 Km et aura été une magnifique expérience quoi que mon dos réclame quelques soins depuis maintenant plusieurs mois...