2 mois à Dawson city, 7 mois au Canada : 'sti qu'ça passe vite !

Demain sera mon dernier jour de travail au restaurant à Dawson. C'est étrange de prendre du recul et de voir où des pieds et un gros sac à dos choisissent d'aller. Se pencher sur le pourquoi risquerait de prendre du temps pour un simple élément de réponse. N'étant pas quelqu'un d'organisé, on peut dire que quelque part je me suis laissé porter par mon sac ; si un matin quand je l'enfile il chuchote à mon oreille : 'Sens-tu la liberté quand tu enfiles mes 20Kg ? Et si nous partions ?'. Il m'en faut guère plus, je lui succombe facilement... Après tout, c'est pas tous les jours qu'on est à l'autre bout du monde dans le pays de ses rêves. Au final, mise à part ma vie 'isolée' de l'autre côté de la rivière, j'avoue ne pas avoir vraiment vécu ce que j'attendais au Yukon. L'aspect social et quelque peu culturel ont été beaucoup plus présents que ce pour quoi j'étais venu : l'immense nature sauvage, les grizzlis mangeurs d'enfants, le sasquatch.... (oups je m'égare). En 2 mois dans cette mini ville perdue, où le temps s'est arrêté il y a fort longtemps, je suis passé par plusieurs étapes qui touchent précisément à l'intégration dans une 'communauté'.

-Le touriste

Il est assez mal vu par les locaux, mais c'est ce qui fait vivre la ville maintenant. Même si il y a toujours de l'or, des mines et de la prospection, ça ne se passe plus vraiment en ville. Je pense qu'ici la version Backpack du touriste reste mieux vue que le mode énorme bus pour papy mamie mais n'oublions pas qu'ils viennent manger dans les assiettes que je nettoie :).

-Le travailleur saisonnier

Tous les commerces, restaurants ici n'ouvrent que grâce aux saisonniers (et la première catégorie) qui viennent ici chaque année pour travailler(payer les travailleurs) dans cette ville si particulière. Il arrive même qu'un commerce ferme du jour au lendemain car le patron seul ne peut pas en assumer le fonctionnement. Il est simple de trouver un job ici .

-Le français qui est en retard au travail et qui vient de West Dawson.

J'ai fini par rencontrer, connaître du monde. Canadiens anglophones, francophones, allemands, américains, suisses, espagnols, tchèques, écossais... Je me souviens de mes débuts ici ou je suivais un de mes premiers collègue (Oh boulègue collègue fada !)qui s'arrêtait tous les 10 m pour parler à une connaissance et me présenter par la même occasion.. Même si je reste moins en ville, il est presque impossible de ne pas connaître les nouveaux arrivants ou de marcher dans la rue sans croiser quelqu'un que je connais. Je ne minimise pas du tout mes contacts avec des francophones, loin de là, mais c'est d'autant plus 'amusant' quand il s'agit d'anglophone et first nation.

Les bons contacts avec ces derniers (même si ils sont les premiers -->[ ] ) ne sont pas évidents à obtenir. Voulant toujours éviter les stéréotypes, m'arrêter au simple « What r u doing mother fucker ? » si souvent lancé en passant devant un bar, aux embrouilles connues devant les gares routières, je suis si heureux de pouvoir discuter avec eux de manière plus conviviale. Les conversations sont toujours originales et souvent exceptionnelles. J'avoue que le peu que j'ai appris d'eux me donne envie de rester ici pour l'hiver.

Je regrette par contre d'être toujours aussi nul en anglais, même si mes interlocuteurs disent souvent le contraire. En fait je pense qu'ils seront toujours heureux de parler avec quelqu'un qui essaie et fait l'effort. Et les contacts commencent ainsi... Evidemment il est plus simple de rester entre francophones, qui sont nombreux ici mais ca serait omettre une partie de mes objectifs (déjà que l'Alaska tombe aux oubliettes...). En même temps pour l'apprentissage de la langue, parler avec des assiettes c'est plate ( → [ ] ).

Si vous me suivez toujours, vous avez compris que ce matin mon sac s'est approché de mon oreille... Il veut partir, je ne peut pas l'en empêcher, et moi, toujours aussi feignant, je vais rester accrocher à lui. En revanche ce sac est un peu comme moi en ce qui concerne le pouvoir décisionnel :

- Tu veux aller où mon petit sac chéri ?

- Je ne sais pas... Où tu veux ! 

- Mais moi non plus je n'en sais rien ! Aide moi un peu s'il te plait.

S'en suis un long silence pendant lequel je me demande pourquoi ce sac de marque allemande parle le français ???

En gros, je n'ai encore rien vu du Yukon, mais les couleurs d'automnes ne sont déjà plus à Tombstone... La nature est vraiment trop rapide ça au moins j'ai pu le voir tout au long de ma randonnée quotidienne, tout se joue en quelques jours. J'ai plein d'idées mais je ne sais vraiment pas quoi faire, je sais juste qu'il faut bouger. Whitehorse sera déjà un premier point et la suite s'y décidera. Je vis au jour le jour depuis le début de mon voyage ca ne va pas changer de si tôt je pense, malheureusement car c'est souvent plus coûteux ainsi et mon budget se resserre si je veux toujours enchaîner sur une année en Nouvelle Zélande ensuite.

Pour l'instant, pour résumer mon voyage, il y a eu :

• Montréal, mes débuts de voyageur (n00b) et le vol de tous mes papiers et argent (gros nOOb), rencontres avec des célèbres pvtistes mais aussi plein de rencontres en auberge (il ne manquait plus que le voleur...) et Bernard (encore merci !). un peu moins de 2 mois.

• Woofing avec mes copines les ânesses, le mulet, zigo (matique?), pou-poules, les petits agneaux rescapés (gigot et méchoui), l'armée de poils canins et cette si attachante famille au papa barbu. Je n'oublierai pas non plus mes voisins : Castor et Castorette, je suis tout de même en train de parler de ceux pour qui je suis venu dans ce pays. 2 mois.
• Sac, pouce, bus, villes, routes, métros, feux piétons. Ottawa, Gatineau, Toronto, Montréal, Québec, Tadoussac, côte nord et LES MONTS GROULX (merci Denis ;) ). Beaucoup de rencontres, des musées, des balades et de la grosse randonnée (enfin en fait ce n'était que du plateau... ;) ) 1 mois.
• Yukon : larger than life. Des rencontres, des rencontres et quelques balades, du pouce et me voilà à Dawson. La nature ne fut que peu présente, et quand je dis ça certains rigolent car je vivais un peu perdu dans les bois plus ou moins seul mais bon : j'en veux encore et encore ! Les deux escapades à Tombstone m'ont rappelées une autre raison de ma venue ici : la randonnée. J'ai envie de repartir 3, 4, 5 jours en autonomie.

Tout le problème c'est que je ne sais rien. C'est déjà un début mais mon sac ne m'aide pas. Les contacts ? You should go there or there or there.... maybe stay here ?? Bref, la même chose sauf que here ca ne réjouis pas mon sac et je n'aimerai pas qu'il me lâche maintenant. J'avoue tout de même que Haida Gwai revient souvent dans la bouche de beaucoup de voyageurs. Mais creuser un trou pour l'hiver ici, partir directement dans les rocheuses, retourner au Québec, la recherche de woofing ou place de handler ici ou des tas d'autres propositions me tentent aussi pas mal...

...Tout ce que j'espère c'est que mon sac deviendra plus bavard quand je tendrai le pouce à nouveau. Je sais maintenant que c'est le genre de stimuli qu'il adore !

En tout cas le tic tac retentis depuis 7 mois maintenant dans ma tête, mais ces derniers temps il s'intensifie. Je pense que ces nuits si fraiches la haut et la fin de l'automne quelques kilomètres plus au nord m'ont rappelé que j'étais arrivé ici en hiver et je devrai repartir en hiver. Ma famille, ma louloutte, mes amis me manquent. Je pense souvent à eux, d'autant plus que les contacts sont devenus plus que très rares. Mais je sais déjà que je ne saurai pas quoi leur raconter tant les expériences auront été nombreuses en un an.